La Ronde de Nuit (Rembrandt) 

Rembrandt, triste hôpital tout plein de murmures,
Et d’un grand crucifix décoré seulement,
Où la prière en pleurs s’exhale des ordures,
Et d’un rayon d’hiver traversé brusquement.

Charles Baudelaire

 

 

Ils s’étaient rassemblés, sans hâte, sous le porche,
Soldats, tambours majors, sergents, arquebusiers,
Avec leurs fusils, leurs piques, leurs boucliers ;
Les visages brillaient, sous la clarté des torches.

L’un charge son mousquet, l’autre brandit sa lance ;
Plein de ferveur, l’enseigne élève le drapeau.
Rondaches, hausse-cols, des plumes aux chapeaux…
Quelle allure, en leurs beaux habits, que de prestance !

Le capitaine Cocq tend le bras et s’avance ;
A ses côtés se tient, attentif, l’ordonnance,
Pendant que bavarde et muse la compagnie.

Et l’officier de dire :  » Allons ! « , et ils allèrent,
Tout joyeux, défilant dans la ville fleurie,
Escortés d’enfants, et de blondes cantinières.

Jean-Paul Labaisse 1995.

 

Ronde de nuit

Huile sur toile, 359 x 438 cm
Rijksmuseum, Amsterdam