La Création d’Adam (Michel-Ange)

 

Allongé sur la mousse, Adam faisait un somme.
Il était faible encore, œil vague, gestes lents,
L’esprit vide, les mains et les bras indolents ;
Il ne rêvait ni ne pensait, le premier homme…

Adam dormait, plongé dans la catalepsie,
Et ce froid du néant qui ressemble à la mort ;
Il frissonnait un peu, il soulevait son corps,
Se tournant mollement sur sa couche transie.

Mais Dieu, penché sur sa créature fragile,
Pensait avec fierté :  » j’ai fait cela, en somme.
Hier, de la glaise informe ; aujourd’hui, chair gracile !  »

Le doigt de Dieu toucha soudain le doigt de l’homme,
Son souffle emplit son cœur, son Œil frappa ses yeux,
Qui s’ouvrirent, enfin, sous le soleil radieux.

Jean-Paul Labaisse 1997.

 

Fresque, 280 x 570 cm
Chapelle Sixtine, Vatican, Rome

La Sibylle de Delphes (Michel-Ange)

Michel-Ange, lieu vague où l’on voit des Hercules
Se mêler à des Christs, et se lever tout droits
Des fantômes puissants qui dans les crépuscules
Déchirent leur suaire en étirant leurs doigts.

                                        Charles Baudelaire

 

Elle porte une robe à l’étoffe moirée,
Une cape de soie aux reflets somptueux,
Enveloppant son corps d’un drapé luxueux ;
Un rayon fait briller sa blouse diaprée.

Près d’elle, des bambins montrent leurs fesses roses.
Elle tient entre ses mains le parchemin fameux,
Le livre mémorable écrit du doigt de Dieu ;
On dirait qu’elle attend quelqu’un ou quelque chose…

Elle tourne la tête et son bras se soulève ;
Sa lèvre bouge un peu, voudrait-elle parler ?
Le regard semble ailleurs, le front paraît troublé…

Serait ce une pythie, une déesse, un rêve ?
Elle énonce l’Oracle et déchiffre l’Augure,
Disant la vie ou la mort de sa bouche pure.

Jean-Paul Labaisse 1999.

 

 

michelange_sibyllededelphes

Fresque, 350 x 380 cm
Chapelle Sixtine, Vatican, Rome

David (Michel-Ange)

 

C’est un jeune homme au corps mince et musclé,
Qui se tient debout, la main sur la cuisse,
Traits fermes, regard fier, cheveux bouclés.
Son torse est large et sa peau douce et lisse…

Debout, il s’appuie sur la jambe droite,
Et sa main tient une fronde légère ;
Front plissé, serrant ses lèvres étroites,
Il tourne son cou puissant, œil sévère.

Il attend, debout, corps souple et tranquille,
Ne parlant pas, le regard immobile,
Tenant toujours la fronde meurtrière.

Il est debout, appuyé sur la jambe ;
Dans ses yeux, ses grands yeux pleins de colère,
On voit un feu qui couve et brille et flambe !

Jean-Paul Labaisse 2006.

 

 

Marbre, hauteur 434 cm
Galleria dell’Accademia, Florence

 

 

David, détail